• Nouvelles technologies

     

     

     

    SALON d'AUTOMNE : NOUVELLES TECHNOLOGIES

    ART CINETIQUE NUMERIQUE

    La tradition de modernité qu'illustre brillamment depuis un siecle le Salon d'Automne l'a conduit a rassembler dans ses expositions successives toutes les tendances de l'Art Contemporain. Aussi j'ai pu introduire les technologies numériques dans la section vidéo de Jean Desvilles des 1991 pour présenter dans le Grand Palais les premieres oeuvres digitales cinétiques. Au fil des ans la nature des oeuvres numériques a évolué en synergie avec l'accélération du progres technologique et progressivement le concept d'oeuvre virtuelle s'est concrétisé et étoffé. Le paradoxe de l'oeuvre virtuelle réside dans sa dualité : elle est a la fois immatérielle et perceptible. Elle se rapproche ainsi de la pensée de l'artiste, invisible, enfouie dans ses neurones, mais qu'il peut cependant rendre visible grace a la dextérité de sa main.

    Or c'est justement le paradoxe de l'absence de l'acte manuel dans l'oeuvre numérique qui trouble profondément la compréhension des oeuvres virtuelles par la communauté artistique "classique" et qui perturbe tout particulierement les amateurs d'art. Il y a toujours eu une forme de "rivalité" entre la main de l'artiste et son esprit : on la trouve d'ailleurs exprimée dans une devise gravée sur le fronton du Palais de Chaillot. L'artiste a longtemps été celui qui concevait une oeuvre et qui avait la virtuosité manuelle de la matérialiser par le dessin, la peinture ou la sculpture. La photographie a bouleversé cette situation en supprimant l'obligation d'une exécution manuelle.I1 est maintenant clair que ceci n'a pas tué la peinture mais au contraire a libéré l'art de certains carcans canoniques. Apres une période de déstabilisation et meme de désacralisation de l'art, balloté par toutes sortes de provocations, notre époque est marquée par une remarquable richesse d'expression et une étonnante diversité de courant. Il y a deux ans a la FIAC un artiste ( certainement pas un paresseux) m'a déclaré tres sérieusement en me présentant sa toile blanche: " moi, je mets 160 couches de blanc ". A l'écart de ces facilités maintenant surannées le Salon d'Automne vise a présenter un large panorama de l'art actuel et de ses tendances majeures.

     

    En 1999 le Président Jean François Larrieu a créé la section Nouvelles Technologies ou sont exposées les oeuvres numériques, virtuelles, cinétiques et interactives. Cette année les oeuvres d'avant garde présentées comprennent un opéra digital, des abstractions cinétiques, des mémoires de forme, des cités virtuelles ... Ces tableaux numériques sont caractérisés par leur mouvement et leur interactivité. La frontiere entre le tableau et la vidéo s'estompe. Les oeuvres sont multidimensionnelles, a la fois plastique, poétique, musicale et le potentiel d'interactivité ouvre une fenetre de communication entre l'artiste et l'amateur d'art.

     

    Pour l'instant la technologie n'est pas encore assez avancée pour offrir de grands formats a ces expressions mais la rapidité d'évolution de la technologie permet d'espérer dans quelques années une immersion complete dans un environnement virtuel de grande qualité: on peut déja rever a de futures cathédrales cathodiques! En 1992 étant donné l'état encore "primitif' de l'art digital j'ai présenté dans la petite grotte nichée sous l'escalier Art Nouveau du Grand Palais ce que j'estimais etre des "peintures rupestres" virtuelles. Mais il existe une loi, la fameuse loi de Moore qui prédit un doublement des capacités des machines numériques tous les 18 mois. Comme dans l'histoire des grains de riz sur l'échiquier les perspectives donnent le vertige. Pourtant quelqu'un a remarqué récemment que l'homme ne suit pas la loi de Moore.

     

    L'art a toujours transcendé l'utile éphémere vers l'inutile éternel qui fait la grandeur des civilisations. De la technologie égyptienne il reste les pyramides, de la technologie grecque il reste la Vénus de Milo. Les cent ans du Salon d'Automne sont encore bien courts mais sa place dans l'histoire de l'art en fait un bon augure pour l'image future de notre culture.

    Claude Massot


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